
Roman, Mehdi, Anas et Rosalie, sont montés sur les planches du théâtre de Ste Catherine à Montréal pour la seconde fois hier soir. La Comédie des Trottoirs est le titre de leur spectacle. Sketch, stand up, fables interprétées avec humour, ces quatre ambitieux, âgés de 20 à 24 ans, sont la nouvelle génération d'humoristes. Prochain spectacle en avril. Ils espèrent aussi intégrer le zoofest cet été.
Roman ? Roman, c'est un peu le gourou du groupe. Mehdi, c'est un peu le manager du groupe. Anas ? C'est le rêveur et l'oncle un peu pervers. Mehdi ? Charmant et moqueur piquant. Rosalie ? C'est la belle princesse aux cheveux dorés naïve à l'humour spontané. Ces quatre amis, comédiens en herbe, sont toujours ensemble. Leur lien ? Montréal et l'amour pour l'humour.
Tout à commencé lorsque Mehdi El Yousfi, étudiant à l'UQAM, en communication, retourne en France, à Paris, son pays de naissance, pour visiter sa famille, en août 2012. Jeune comédien, il se produit au Café de Paris et met en scène un sketch sur Montréal, où il vit depuis 4 ans maintenant. Coïncidence, Roman Frayssinet, comédien français, de 20 ans, joue également ce soir là et profite de cette rencontre pour lui annoncer qu'il se rend à Montréal également dans trois semaines pour entreprendre des études à l'Ecole Nationale de l'Humour.
Le feeling passe tout de suite entre ces deux français expatriés au Québec. A l'ENH, Roman rencontre Anas Hassouna et Rosalie Vaillancourt, un québécois d'origine marocaine et une québécoise pure laine, tous deux étudiants en humour aussi. Roman présente ces camarades de promo à Mehdi. L'humour les rassemble et le groupe d'amis se crée.
Vannes, moqueries et amitié
Avant tout, les quatre amis ont le même but « faire de la scène ». Du coup, ils se retrouvent très souvent sur les mêmes planches à jouer leur spectacle respectif. Comme au Couscous Comédy Show de Farès Mekideche, alias Uncle Fofi, célèbre humoriste français, installé à Montréal depuis 13 ans et qui enchante le théâtre du Rialto une fois par mois. « Fofi ou encore Réda Saoui, nous donnent la chance de nous produire et de nous faire connaître. Mais bon ça c'est en attendant de faire l'Olympia bien sûr », rigole Mehdi, avec une pointe d'espoir d'un jour atteindre ce but. Même passion, même dynamique, les quatre inséparables se ressemblent autant qu'ils s'opposent. Alors ils décident de créer un spectacle ensemble. La Comédie des Trottoirs. Pourquoi ce nom ? « Car on aime bien le nom de salle de spectacle La Comédie des Boulevards de Paris, mais là, on est pas situé sur un boulevard, mais dans un théâtre qui a pignon sur la rue Ste Catherine. Un trottoir emprunté par beaucoup de passants », explique le jeune humoriste en buvant son café, au théâtre de Ste Catherine, en attendant les deux retardataires Roman et Rosalie. Une fois les deux derniers arrivés, l'ambiance est à son comble. Vannes, réflexions et moqueries fusent. Difficile de garder leur sérieux. « On est toujours entrain de se vanner. Même durant notre spectacle. Au final, le spectateur retrouve vraiment notre univers quotidien dans notre spectacle. On partage avec eux nos histoires de colocations, d'amis, de camarades de promo mais chacun reste dans son univers », soutient Anas.
Le plus de leur spectacle ? La diversité. Il y en a pour tout le monde et pour tous les goûts. Même si leur public principal est constitué d'étudiants ou de français. « Ils se reconnaissent dans nos sketchs. Surtout pour les français, qui ne comprennent pas toujours l'humour québécois », souligne Roman, le jeune humoriste français, qui s'inspire des stand-up classiques américains à l'image de l'humoriste américain Louis C.K mélangé à l'absurde. « J'aime inventer une réalité et faire comme si elle était universelle pour tous et tourner autour. Ou aborder des grands thèmes philosophiques », explique avec beaucoup de passion Roman. Rosalie, elle, préfère s'inspirer de sa vie. Petite fille modèle, elle a grandit à Ste Hyacinthe, située à 1h15 en bus de Montréal, sur des terres agricoles. Elle aborde avec spontanéité des questions que tous jeunes adultes en devenir de 20 ans se posent. Comme la sexualité. « Mais j'en parle d'une façon très naïve, comme si j'avais 12 ans. Ca me donne la possibilité de dire vraiment ce que je veux, sans trop réfléchir à la forme », explique la nana du groupe. Mais quand on lui demande quelles sont ses sources d'inspirations, elle répond sans hésiter : Ding et Dong et Dominique Michel. Des humoristes québécois des années 80 et 60. Anas et Mehdi, eux vont s'imprégner de leur culture banlieusarde et marocaine. Mais attention leurs banlieues ne sont pas les mêmes. « Moi c'est la banlieue parisienne française» ; « Et moi la banlieue québécoise » précisent Mehdi et Anas. La banlieue en France c'est la région qui entoure Paris, là où vivent des gens de toutes les origines souvent issus de l'immigration des années 60. Tandis que la banlieue québécoise c'est le stéréotype de la campagne avec une maison, avec un garage, entourée d'un jardin. Ces deux jeunes comédiens ne peignent donc pas le même tableau de la banlieue. C'est dans ce sens qu'Anas parle de la dualité dans ses sketchs. « Mon univers est tout et son contraire ».
Avec ces quatre humoristes, La Comédie Des Trottoirs prend des airs d'évasions, de voyages avec humour et décadence.
Le prochain spectacle est prévu pour le mois d'avril. Les quatre humoristes espèrent également intégrer la programmation du zoofest cet été, une histoire à suivre...