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«Pleine de toi» le bouleversant nouveau roman de Geneviève Jannelle

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Je me suis endormie, hier soir, la tête pleine de «Pleine de toi». J’ai rêvé toute la nuit à ses milliers de mots, beaux et si durs à la fois, à ses phrases superbes truffées de cruelles vérités, à Estelle dont le cœur est à jamais déchiré et à Antoine qui n’est plus… Mon esprit vagabonde, depuis ce duo de soirées passé à leurs côtés (c’est tout le temps qu’il m’a fallu), depuis le moment où, intriguée devant cette page couverture un brin troublante, j’ai tourné la première page du nouveau roman de Geneviève Jannelle. Moi, toujours naïve, à mille lieues de m’imaginer que le cadeau de cette belle et grande écrivaine allait tout chambouler.

Douleur, lumière et Petite-Bourgogne

J’ai croisé quelques fois Geneviève Jannelle, lors de salons du livre, de lancements (celui de la série L’Orphéon, entre autres, dont elle signe l’excellent Odorama) et autres 5 à 7 souvent littéraires. En entrevue, j’avais pris le temps de lui avouer que, des cinq romans constituant le projet L’Orphéon, c’est le sien que j’avais préféré, déclassant pour un moment deux de mes chouchous d’écrivains, Patrick Senécal et Stéphane Dompierre (ce n’est pas peu dire!) Déjà, ses mots m’avaient touchée, son humour noir qui fait rire jaune m’avait rejointe, sa plume, si j’avais su écrire comme elle, aurait pu être la mienne.

«Pleine de toi» n’aura pas eu une seconde de répit pour somnoler, comme la plupart des livres dont je dois remettre la lecture à plus tard faute de temps, sur ma table de chevet. Recevoir un livre en se doutant qu’il contient des merveilles relève du pur bonheur. Je fondais de grands espoirs dans les nouveaux mots de Geneviève, j’étais prête à voyager avec elle à travers cette Petite-Bourgogne encore pour moi inconnue. Et j’ai été tout, sauf déçue.

Parce que «Pleine de toi» est touchant, sincère, troublant, cruel, si triste et pourtant si lumineux à la fois. Parce qu’Estelle et son destin sont bourrés de contradictions, d’énormes peines et de minuscules petits bonheurs. Parce qu’un vieux quartier rouillé de Montréal sait s’y transformer en cinquième personnage, parce qu’une souris prénommée Yves Corbeil parvient à tenir quelqu’un en vie, parce que la belle Simone-lionne intrigue, malgré le désespoir qui prend toute la place dans la «non-vie» de sa grande amie.

«Pleine de toi» n’est pas un roman qui fait rire. Ce n’est pas, non plus, un roman de fifille comme il y en a trop. «Pleine de toi» est dur, fait mal et porte franchement bien son nom, car il remplit, d’un nombre incalculable de façons.

L’après-«Pleine de toi»

J’ai fini par fermer l’œil - mais pas le cœur - cette nuit, après avoir relu une dizaine de fois les dernières pages de «Pleine de toi». À l’instar d’Estelle, je me sentais vide, trop pleine de rien. Je n’ai pas perdu mon amour dans un accident bête et je n’ai pas de mini-boulette qui pousse dans mon ventre pour me montrer la voie. Mais, toujours ce matin, son drame se prend pour le mien, sa douleur me blesse autant qu’une douleur bien réelle et l’avenir, à moi aussi, semble incertain, inhumain…

J’ai envie de téléphoner à Geneviève Jannelle pour exiger réparation (ou, du moins, exiger une suite à ce bouquin qui ne peut tout simplement pas nous laisser ainsi…) J’ai envie de lui dire de faire ce message à sa Estelle : que je suis là pour elle, que moi aussi, malgré tout, je l’aime.

Demain, j’irai marcher dans la Petite-Bourgogne qu’il me semble désormais connaître. Une balade qui ne devrait mener nulle part, mais partout à la fois, au cœur de «Pleine de toi», une belle tourmente que l’on s’impose pour mieux apprécier la vie.

«Pleine de toi» de Geneviève Jannelle est disponible en librairie. (Vlb éditeur.)


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